Une discussion avec Andrew Simmonds, le superviseur des effets visuels pour I Wanna Dance with Somebody

I Wanna Dance with Somebody a récemment obtenu une nomination de la Visual Effects Society dans la catégorie Effets visuels de soutien exceptionnels (« Outstanding Supporting Visual Effects »).Il s’agit de la toute première nomination de notre talentueuse équipe de chez ReDefine !

Pourriez-vous commencer par vous présenter ?

Bonjour ! Je suis Andrew, superviseur des effets visuels chez ReDefine. Je travaille ici depuis un peu plus de trois ans.

Comment s’est déroulée votre expérience de travail avec Kasi Lemmons, pour un projet d’une si grande envergure ?

Nous avons travaillé en étroite collaboration avec Kasi et Paul Norris, le superviseur général des effets visuels. Comme tous les cinéastes, elle souhaitait avoir les meilleurs effets visuels pour son film… et nous avons livré la marchandise ! Kasi nous a donné des directives précises et a partagé de nombreux commentaires constructifs sur une base régulière.

Parlez-nous un peu plus de la collaboration avec Dimension Studios.

L’équipe a fourni tous les assets planifiés du projet, incluant plus de 500 mouvements texturisés et catégorisés. Les assets étaient faciles à intégrer à notre pipeline et répondaient à nos besoins. Bien que la grande quantité de données générées aurait pu devenir un problème, celle-ci avait été planifiée et a pu être maintenue à une taille gérable.

Combien de studios ReDefine ont travaillé sur le projet et comment s’est déroulée la collaboration entre ces différents studios mondiaux ?

La collaboration entre moi (qui est situé à Londres) et nos homologues de Montréal, Bombay et Pune s’est déroulée à merveille et a généré un travail d’équipe très productif. En tant que point de liaison entre les équipes, j’ai joué un rôle important dans le bon déroulement des communications et de la coordination. Montréal était responsable de planifier le pipeline, tandis que l’équipe en Inde s’affairait sur les plans à travailler. Grâce à des réunions fréquentes entre les bureaux, nous avons réussi à demeurer sur la même longueur d’onde et à nous adapter à n’importe quel scénario inattendu. Malgré l’échéancier serré de 12 à 13 semaines, du début à la fin, nous avons réussi à respecter tous les délais en surveillant de près la progression et en faisant bon usage des efforts interdépartementaux.

Mis à part une bonne planification, de quoi un superviseur des effets visuels a-t-il besoin pour s’assurer du bon déroulement du travail ? Y a-t-il un conseil que vous donneriez à nos lecteurs, en matière de gestion de deux différents sites, se trouvant dans deux fuseaux horaires différents, à l’intérieur d’un court laps de temps ?

Une communication efficace et une distribution bien définie des tâches sont primordiales pour une collaboration réussie. Nous avons vite établi que Montréal dirigerait l’approche initiale en ce qui concerne les plans de foules. En transmettant clairement cette décision à l’équipe en Inde, nous avons évité toute confusion ou tout effort doublé inutilement. La proactivité a également joué un rôle très important dans notre succès. Avant même de commencer le travail, j’ai vite contacté différents superviseurs de l’infographie et des foules pour obtenir leur expertise et leurs conseils sur la meilleure approche à adopter en ce qui concerne la gestion du travail de notre pipeline. Ceci m’a permis de prendre des décisions éclairées pour le studio et de m’assurer que nous utilisions les meilleures idées de chacun des membres de l’équipe. En gardant tout le monde sur la même longueur d’onde, nous avons réussi à travailler efficacement et à atteindre nos objectifs.

Quel était le processus pour la création des plans de foules ?

La création d’un montage de séquences requiert une planification serrée et une forte attention aux détails. Pour notre projet, le client a fourni des demandes précises pour les stades qu’il souhaitait inclure, y compris la tournée précise et le nombre de stades intérieurs et extérieurs. Pour nous assurer de bien distinguer chaque endroit et de répondre aux besoins du client, nous avons effectué des recherches exhaustives sur tous les stades où l’artiste s’était donnée en spectacle. Nous avons sélectionné les stades qui répondaient aux exigences et nous avons offert plusieurs arrière-plans visuellement variés. Nous avons également tiré profit de la noirceur naturelle de la nuit et avons beaucoup misé sur l’éclairage du stade, tel que les projecteurs et l’éclairage scénique, pour améliorer la qualité visuelle de la foule. Ainsi, nous avons réussi à créer un montage de séquences dynamique et captivant sans avoir recours à des modèles trop détaillés des stades. De plus, nos techniques de pipeline et de décors numériques nous ont permis de travailler efficacement, grâce à l’utilisation d’outils existants pour les plans de foules.

La création de plans de foules réalistes nécessitait une attention précise aux détails. Afin de créer une foule crédible, nous avons balancé le nombre de personnes tapant des mains, étant debout et s’exclamant. Nous avons intégré une foule générique et l’avons ensuite ajustée afin qu’elle corresponde aux exigences uniques de chaque plan. En débutant avec une foule générique, et en la personnalisant petit à petit, nous avons pu travailler efficacement, tout en maintenant un certain réalisme.

Les différents départements ont travaillé conjointement pour créer des effets d’éclairage réalistes. L’équipe d’animation s’est occupée des projecteurs, pour ensuite envoyer le travail au département de l’éclairage, dans le but de rendre le tout réaliste. Finalement, le plan était prêt pour les dernières étapes de la composition d’images. En utilisant l’expertise de chacun des départements, et en évitant de trop nous fier à un seul d’entre eux, nous avons réussi à obtenir des résultats très efficaces et à respecter les délais.

Considérant que la séquence comprend un pot-pourri de 2 chansons et de 4 emplacements différents, comment avez-vous fait pour que la foule soit synchronisée avec la musique ? Comment avez-vous fait pour que tout soit en place pour la séquence complète ?

Dans Bohemian Rhapsody, contrairement à I Wanna Dance with Somebody, nous avions pris une approche légèrement différente en ce qui concerne les plans de foules. Comme la foule était filmée pour une chanson précise, nous devions être plus rigoureux quant aux antémémoires des foules que nous utilisions et quant au moment où nous devions les synchroniser avec la musique. Nous avons également dû modifier certains des acteurs de la foule pour qu’ils soient synchronisés à la musique, en plus de synchroniser les personnes qui tapaient des mains avec les différents rythmes. Pour donner une allure réaliste, nous avons également inclus des retards dans les tapements des mains, puisqu’il y en a toujours quelques-uns au sein d’un auditoire qui accompagne une musique. Même s’il s’agissait d’une chanson bien précise, nous pensions pouvoir travailler avec ces éléments génériques et les ajuster en conséquence.

Vous étiez superviseur à la composition d’images pour Bohemian Rhapsody. Quelles ont été les différences dans la création des stades pour I Wanna Dance with Somebody ?

Pour Bohemian Rhapsody, la séquence principale se déroulait à Wembley, où nous avons recréé les scènes du Live Aid. Nous avions alors demandé à des figurants de danser en synchronisation avec la musique. Pour I Wanna Dance with Somebody, nous avons plutôt séparé le tout en différentes scènes et avons créer une bibliothèque d’éléments génériques que nous pouvions sélectionner à notre guise. Ayant travaillé sur Bohemian Rhapsody pour le même client, je savais déjà un peu à quoi m’attendre quant à leurs attentes. J’ai donc pu appliquer cette connaissance à I Wanna Dance with Somebody.

Quels ont été les plus grands défis créatifs et techniques que vous avez dû surmonter au cours de la production ?

La création de plans de foules réalistes consistait en un défi de trouver l’équilibre parfait entre la performance et l’apparence. De plus, nous devions trouver une façon stratégique de placer un nombre limité d’accessoires 3D pour éviter la répétition. Je crois que nous avons transformé 500 personnes en une foule d’environ 40 000. L’aspect le plus difficile du projet était l’échéancier serré et le besoin de faire appel à du personnel expérimenté pour qu’il travaille de manière rapide et efficace. Afin d’augmenter la quantité d’assets, nous avons utilisé des outils pour modifier les couleurs des costumes et la luminosité, dans le but de créer différentes variations. Le projet a été complété en 14 semaines.

Qu’avez-vous utilisé, en matière d’outils et de techniques, pour la procédure de dispersion de la foule ? Pourriez-vous expliquer à nos lecteurs, en quelques mots, en quoi consiste la dispersion de la foule et quelles sont les technologies, c’est-à-dire les outils, se cachant derrière cette procédure ?

Pour créer des scènes de foules réalistes pour I Wanna Dance with Somebody, notre équipe a utilisé Houdini afin de disperser 40 000 points. Chacun de ces points représentait un asset individuel, situé sur la surface d’un stade. Cela permettait de facilement travailler certains assets précis de la foule. Nous avons également eu recours à Clarisse, en raison de la forte densité et du nombre de polygones de la foule. Ainsi, l’itération et le rendu 3D ont pu être effectués rapidement, lorsque nous étions rendus à l’étape de l’éclairage. En rationalisant notre pipeline et en utilisant ces outils, nous avons réussi à produire efficacement des effets visuels de grande qualité et à améliorer continuellement la performance des scènes de foules.

Y a-t-il un moment du projet qui vous a marqué, qui était « spécial » à vos yeux ? Sinon, avez-vous un plan favori sur lequel vous avez travaillé ?

Je dirais que mes plans favoris sont ceux qui sont des accidents. Pour un de ces plans, le client nous a dit qu’il s’agissait d’un plan à priorité faible (plan de secours). Le second était un plan bien ordinaire, un plan qui devait être agencé à tout le reste. Finalement, ce qui est arrivé, c’est que ce plan de secours est devenu l’un des meilleurs plans du film. Il a généré énormément de créativité au sein de l’équipe.

Le plan de la foule qui regarde en direction du Jumbotron était un moment marquant du projet. L’utilisation d’une couche de premier plan de la foule a fait en sorte qu’il est difficile de dire qu’il s’agit d’un plan entièrement infographique. Malgré les défis initiaux en matière de maquettes et de modifications demandées par le client, nous avons été capables de vite retomber sur nos pieds et de créer un plan unique et percutant. En positionnant la foule en premier plan, et en utilisant la noirceur afin de mettre en valeur la forme du stade, nous avons été en mesure de produire un plan dynamique et visuellement intéressant en un court laps de temps.

Y a-t-il un message que vous aimeriez transmettre à votre équipe ?

Merci à mon équipe ! Dans l’industrie des effets visuels, ce n’est jamais qu’une seule personne qui est responsable du succès d’un projet. Je sais que les superviseurs des effets visuels reçoivent souvent le mérite, mais nous ne sommes rien sans notre talentueuse équipe. Peu importe le talent du superviseur, il y a tout de même une limite à ce que celui-ci peut accomplir seul. Si vous n’avez pas une équipe pour vous soutenir, vous n’obtiendrez pas un produit final de qualité. Mon équipe a fait un travail fantastique. Chacun des membres de l’équipe a livré bien plus que le nécessaire, et cette attitude s’est avérée donner d’excellents résultats. Mon message principal est toujours « merci », et je le dis à chacun de nos appels, parce que je sais à quel point ils travaillent d’arrache-pied sur ce genre de projet.

Sur quoi travaillerez-vous ensuite ? Quels sont vos autres projets ?

Je viens de terminer une série pour Netflix, mais je ne peux en dire plus pour l’instant ! Nous travaillons également sur une autre série télévisée qui est en production, mais qui sera terminée dans un futur rapproché. De nos jours, nous travaillons souvent sur plusieurs projets à la fois… et ceux-ci me gardent occupé.

Finalement, pour conclure cette entrevue, nous sommes curieux de savoir : quelle est votre chanson préférée de Whitney Houston ?

La musique du film The Bodyguard est un succès assuré. La chanson I Will Always Love You est un classique intemporel et se démarque particulièrement dans le film. Comme ce fût le cas avec Bohemian Rhapsody, j’ai développé une certaine appréciation pour la musique qui joue dans le film. Initialement, ce n’était pas de la musique qui figurait au palmarès de mes goûts personnels. Toutefois, après avoir travaillé sur le projet, été exposé à la musique et en avoir appris plus sur celle-ci, je suis devenu un amateur de Whitney Houston et de Queen. C’est incroyable de voir à quel point travailler sur un film peut influencer les préférences musicales de quelqu’un.

Sans aucun doute, il fait bon vivre chez ReDefine. J’ai apprécié chaque journée passée ici, le travail est vraiment gratifiant. Les équipes sont très soudées et c’est ce qui en fait un endroit formidable où travailler! » Shilpa Bhanushali 

Shilpa Bhanushali Cheffe de la production d’animations

Nous disposons de professionnels hautement qualifiés qui sont créatifs et avec lesquels il est agréable de travailler, ce qui a créé de nombreuses possibilités de réinventer les flux de production.

François Schneider Superviseur créatif pour l’Amérique du Nord

Les personnes qui composent ReDefine possèdent des expériences variées et elles ont toutes le potentiel pour développer et réaliser des projets d’envergure mondiale.

Viral Thakkar Directeur de la création et superviseur aux effets visuels pour l’Inde