Plus tôt cette année, le film très attendu, Knights of the Zodiac, est sorti en salles. Il s’agit d’une adaptation en images réelles du populaire manga japonais des années 1980 et 1990, Saint Seiya. Nous nous sommes entretenu avec Serkan Zelzele, superviseur des effets visuels chez ReDefine, pour discuter du travail fantastique que l’équipe a accompli sur la série d’anime bien-aimée.
1. Peux-tu te présenter et nous expliquer brièvement tes responsabilités?
Bonjour! Je suis Serkan Zelzele, superviseur des effets visuels chez ReDefine. J’adore travailler sur des projets qui nécessitent une approche artistique et créative, et c’est pour cette raison que je conceptualise et conçois plusieurs plans. C’est d’ailleurs ce qui s’est produit dans le cadre de ce projet précis.
2. Quelle a été ta réaction lorsque tu as appris que tu travaillerais sur l’adaptation d’un anime aussi populaire?
J’étais très excité! J’ai grandi en regardant l’anime et en feuilletant ces bandes dessinées colorées. De plus, ces films en images réelles nous permettent de créer quelque chose de différent des effets visuels photoréalistes que nous réalisons normalement.
3. Comment s’est déroulée la collaboration avec le réalisateur, Tomasz Bagiński?
Travailler avec un réalisateur tel que Tomasz est une expérience incroyable, puisque cela défie votre créativité. Il a un passé dans le domaine de l’illustration et sa vision des animes vient avec une excellente compréhension de ce qu’il y a à réaliser. Cela vous donne vraiment l’occasion de réfléchir de façon créative, il n’y a plus de limites. Saviez-vous qu’il a personnellement dessiné la majorité des scènes qu’il a filmées pour le film? Il a fallu que l’équipe de ReDefine et Ron Simonson, le superviseur des effets visuels du côté client, travaillent fort afin de s’assurer que les résultats correspondaient à la vision de Tomasz. Nous avons eu beaucoup de plaisir à trouver des solutions créatives!
4. Quels ont été les défis créatifs auxquels vous avez fait face pendant votre travail sur le projet?
Contrairement aux autres films en images réelles de Marvel et d’autres studios, les animes nécessitent des caméras stylées qui suivent des acteurs interprétant des héros dotés de superpouvoirs. Vous devez faire face à des défis créatifs tels que des vaisseaux spatiaux qui flottent au-dessus de grandes villes. Après, vous pourriez vous retrouver avec un plan dans lequel la caméra est à la hauteur de l’asphalte pour se retrouver ensuite au-dessus de la ville à faire différentes rotations et pirouettes. Les animes ont des caméras avec une énergie qui leur est propre et, en raison du style du genre, vous devez créer le bon environnement pour cette énergie. Nous avons donc créé de nombreux plans entièrement infographiques.
5. Comment la collaboration entre les sites a-t-elle permis de livrer le projet?
Nous avons commencé à travailler sur le projet au début de la pandémie de la COVID-19. Malgré l’impact qu’a eu la pandémie à travers le monde, la collaboration entre les sites s’est développée à un point tel que nous avions l’impression de tous travailler dans le même bureau, tout en ayant l’occasion de passer du temps avec nos êtres chers. C’était l’un des aspects positifs de cette façon de travailler!
ReDefine a des studios à travers l’Amérique du Nord, l’Europe et l’Inde, et nous avions la capacité de travailler ensemble virtuellement, en plus de tous nous voir lors d’appels vidéo chaque jour. C’est quelque chose qui ne serait pas arrivé normalement.
C’était un projet assez substantiel, en raison de la livraison des plans entièrement infographiques, et notre équipe s’est grandement rapprochée malgré la distance entre les différents studios.
6. 6. Pouvons-nous parler de la séquence de l’impasse dans l’entrepôt? D’un point de vue créatif, qu’est-ce qui fait en sorte que la scène se démarque?
La séquence de l’impasse dans l’entrepôt est unique, et représentait un défi de taille. C’est le point culminant du film. C’est à ce moment que tout est détruit avant le lever du Soleil.
L’espace dans lequel nous réalisions les effets visuels avait la taille d’une salle de bal. Athéna, la déesse, relâche constamment de l’énergie, détruisant tout ce qui l’entoure. Le problème, c’est qu’il est impossible de détruire le même mur à deux reprises. C’est un petit espace et la séquence dure 11 minutes. La question devient donc : comment pouvons-nous créer quelque chose qui ne se veut pas répétitif, tout en détruisant ce qui a déjà été détruit? Nous devions trouver des solutions créatives et, après avoir proposé quelques idées au réalisateur, nous avons obtenu du succès avec cette séquence! Je m’avancerai plus sur notre approche lorsque je répondrai à la 7e question.
7. Y a-t-il un moment mémorable du projet que tu aimerais partager avec les lecteurs?
Le moment le plus mémorable a été de travailler sur la séquence de l’impasse dans l’entrepôt. Comme nous en parlions auparavant, nous manquions d’objets à démolir et, à un certain moment, on aurait dit un film d’Arnold Schwarzenegger des années 1990 dans lequel on nous présente la même explosion trois fois. Tomasz a un bon œil et, avec son passé en illustration, il a su identifier le problème aussitôt.
J’ai passé la nuit à chercher une solution. Plusieurs minutes, c’est-à-dire la plus longue séquence du film, dépendaient de cette idée. Je me suis réveillé et je me suis dit : pourquoi ne pas faire des particules sous l’eau, comme si elles allaient et venaient au gré du courant! Si nous approchions la scène sous cet angle, nous pourrions réutiliser tous les débris qui sont détruits dès le départ. Athéna relâcherait son énergie et la ramènerait vers elle. La journée suivante, nous avons proposé l’idée à Tomasz et avons créé un plan. Il a vu le potentiel et a compris que nous ne pourrions pas nous débarrasser des débris du tout. Nous les avons ramenés et, chaque fois que nous exécutions une simulation, ça avait l’air différent. Nous avons accidentellement fait quelque chose de risqué. Finalement, Tomasz était très heureux.
8. Qu’aimerais-tu dire aux équipes de ReDefine?
Nous n’aurions jamais pu livrer un aussi gros projet sans le travail acharné de toutes nos équipes et artistes, sans le soutien de la production, des chefs de départements ou des cadres supérieurs des différents sites. C’était un projet ardu qui nécessitait une approche créative différente.
Tomasz a remercié tout le monde. Il était très satisfait du travail, très reconnaissant, et m’a téléphoné personnellement pour me dire à quel point notre équipe a fait du bon travail pour livrer le film.
9. Y a-t-il autre chose que tu aimerais dire à propos de ce projet?
Lorsque l’on travaille sur un projet appartenant à la culture japonaise et ayant de nombreux adeptes, il est important de trouver le juste milieu entre une approche hollywoodienne et une approche japonaise digne des années 1980. Je crois que c’est un défi auquel le film devait faire face, et cela s’est également reflété dans les effets visuels. Lorsque les héros utilisaient leurs pouvoirs, nous nous demandions à quel point certains de ces effets devaient être réalistes. Nous devions trouver un juste milieu.
10. Sur quoi travaillerez-vous ensuite?
Je travaille actuellement sur une série télévisée pour AMC. Comme elle est encore en production, je ne peux en dire plus, mais je peux vous assurer qu’il y a de magnifiques paysages dans l’espace et qu’il s’agit d’un projet amusant et demandant. Je travaillerai dessus pendant quelques mois encore, restez à l’affût pour plus de détails!